[Projet lauréat de la Société académique d'architecture de...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0901 FIGRPT0088 01
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 15 x 20 cm (épr.)
description L'un des panneaux présenté par Eric Picard.
historique Jean-François Grange-Chavannis, architecte en chef des monuments historiques, présentait dans son discours de félicitations au lauréat 1987 de la Société académique d'architecture de Lyon, un bref résumé des grands prix qui marquèrent l'histoire de ce club d'architectes. Parmi eux, on remarquait celui de 1909 pour un projet de porte monumentale de l'exposition universelle, réalisé par l'architecte de la Grande Poste, Michel Roux-Spitz. Signe des temps et heureux hasard, cette idée qui ne vit jamais le jour ressemble étrangement aux folies de lignes, d'esthétique et de philosophie d'Eric Picard. C'est seulement depuis 1980 que la Société académique a repris le jeux des prix à remettre aux jeunes diplômés de l'Ecole d'architecture de Lyon. En ce qui concerne la session 1987, c'est le projet d'un Centre de loisirs qui rafle largement les 3000 francs d'un unique premier prix. Pour réaliser ce travail monumental - imaginez une vingtaine de panneaux explicatifs -, où la rigueur du concept architectural fréquente allègrement les libres courbes d'une présentation plus proche de la bande dessinée, Eric Picard est allé chercher son inspiration dans une recherche sur les fêtes archaïques. Disons païennes, et nous saisirons mieux pourquoi ce jeune architecte a voulu redonner une définition à l'espace de fête. "Il n'y a rien à Lyon pour se divertir vraiment, pour sortir du coeur oppressif des grandes villes..." Son centre de loisirs se situe exactement sur l'emplacement de la Maison de l'eau. Comme elle, il définit son axe de construction sur Est-Ouest, entre le Rhône et la grande Halle Tony-Garnier. Pour le reste rien n'est comparable. II est d'abord beaucoup plus imposant, un kilomètre sur huit cents mètres, et surtout, dans la forme architecturale, aux limites de nos habitudes rectilignes, carrées, coincées par le décor moderne. Vu de loin, vu de haut... vu sur plan, c'est un mariage étrange de courbes très féminines que révèlent un rempart de cylindres, parfaitement équilibré par la ponctuation sournoise des griffes acérées encastrant un réseau de cubes glacés. Ce résumé est un peu succinct pour imager ce site qu'Eric Picard a voulu comme "un satellite par rapport à la ville". Inspiré (un peu trop ?) par les lectures de livres sur la futurologie, l'architecte n'a pas lésiné sur les explications métaphysiques pour appuyer son dessin ; magnifique, mais légèrement tenté par la gloire imposante d'une architecture décadente. "J'ai fait ce projet à une époque où je vivais beaucoup la nuit, dit-il dans sa présentation orale". La symbolique de l'architecture se structure le long d'une ligne qui reprend les étapes classiques de la terre, de la mort et du ciel. C'est ainsi qu'il redécouvre un point fort, depuis longtemps mis de côté, le Forum. Essentiel dans son projet, Eric Picard le traduit dans un sanctuaire où se mélange l'air et l'enfer. Poussant jusqu'au bout son raisonnement et la volonté de faire un espace réservé aux groupes sociaux et non pas à l'individualisme, de faire en sorte que la mythologie ait toute sa place, il retombe à quatre pattes, comme un chat, sur les goûts de Rudolph Steiner pour les architectures organiques. Mais Eric Picard n'est pas seulement un fantaisiste. Il propose, dans son projet, un matériau composite dont il a même fait faire une ébauche à l'échelle 1/10e. C'est une sorte de squelette qui soutiendra l'ensemble du bâti, mis en forme à partir du bois, de résine et de matière synthétique. Bref un élément vivant en harmonie total avec le tout très végétal et plein des arabesques les plus folles. Pour continuer à retomber sur une base plus réalisable, plus adaptée à Lyon, l'architecte délivre sa population "fétarde" par un pont-tunnel, comme une régénéréscence qui passe de Gerland au confluent de Perrache. Son Centre de loisirs pourrait être ouvert 24 heures sur 24, mais Eric Picard, en bon citoyen, reconnaît que son travail est plus graphique que concret. Source : "Rêve de fêtes lyonnaises" in Lyon Figaro, 14 avril 1987, p.8.

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